Dès lors que l’on donne un nom à une discrimination, c’est que le mal est déjà fait. Aujourd’hui je vais vous parler de la grossophobie parce que je l’ai déjà subi, hier, aujourd’hui et très certainement demain.
C’est un sujet qui m’hérisse les poils et qui me tient bien sûr à cœur en tant que femme ronde. Si maintenant j’assume mes kilos « en trop », cela n’a pas toujours été le cas. Être ronde et s’assumer ne sait donc pas fait en un jour.
Alors bien évidemment, je n’ai pas ma langue dans ma poche pour répondre à ceux qui me jugent (famille, collègue, gens dans la rue) mais être ronde c’est quand même faire face à des discriminations au quotidien pour lesquelles on ne peut pas faire grand-chose. Je parle notamment des entretiens d’embauche ou des examens médicaux….
La grossophobie fait que les personnes en surpoids sont blâmées, brimées, discriminées et même maltraitées. Les personnes grosses, rondes, pulpeuses mangent trop, sont paresseuses, manquent de volonté et de motivation, se laissent aller, manque d’autodiscipline, voilà ce que pensent les grossophobes…
Voici donc mon coup de gueule sur la grossophobie !
Au fait, c’est quoi la grossophobie ?
Si je devais résumer la grossophobie, je dirais que c’est tout simplement le rejet des personnes grosses et donc la valorisation de la minceur. Ce rejet s’exprime principalement à travers des préjugés sur ce que sont les personnes rondes et ce qu’elles ne font pas perdre du poids.
La grossophobie c’est penser que ces personnes ne font que manger, ne bougent pas, ne se lavent pas, sentent mauvais ou encore ne sont pas intelligentes.
L’obésité est reconnue comme une maladie. On tolère donc les autres maladies mais pas celle-là lorsque l’on est grossophobe.
Cette discrimination est je trouve un mal qui ronge dans le plus grand silence des millions de personnes qui souffrent d’obésité ou de surpoids. Ce racisme envers les personnes en surpoids a lieu sur le plan personnel et professionnel.
Il y a deux formes de grossophobie :
- La grossophobie systématique
C’est ce que j’appelle une discrimination indirecte. Elle se caractérise par des équipements non adaptés à notre poids. Et c’est par exemple le cas dans le milieu médical. Table de scanner ne supportant qu’un certain poids, les ambulances qui ne prennent pas les patients qui pèsent plus de 130 kilos, des lits à l’hôpital qui sont limités à 110 kilos comme les tables d’opération…
Mais il n’y a pas que dans le médical que rien n’est prévu pour les personnes en surpoids. La présence d’accoudoirs dans les transports en commun, les sièges dans les cinémas ou chez le coiffeur, sans parler des compagnies qui veulent faire payer deux sièges aux personnes obèses.
- La grossophobie « ordinaire »
Elle est liée au comportement humain. Elle provient de toutes les personnes que l’on croise ou côtoie au quotidien. Celles qui se permettent de faire des réflexions, des remarques, des insultes, d’humilier gratuitement tous ceux et celles qui sont en surpoids et qui croisent leur chemin ou leur regard.
Cette forme de grossophobie est très dure à vivre, que l’on est que quelques kilos en trop ou que l’on soit en obésité morbide.
Les conséquences de la grossophobie
Elles sont très importantes et je pense que rares sont les personnes obèses ou en surpoids à n’avoir jamais soufferts de cette discrimination. Les conséquences peuvent être nombreuses et différentes selon les personnes.
Cela peut commencer dès l’enfance. Les enfants ne sont pas tendres dans la cour de récréation avec leurs camarades en surpoids. « Gros », « Grosse vache », « Boudin », les surnoms ne manquent pas. Leur innocence d’enfant fait qu’ils ne se rendent pas compte du mal qu’ils font. Les enfants obèses ou en surpoids se renferment donc souvent sur eux-mêmes, ne veulent plus aller à l’école, sont en échec scolaire car ils vivent mal cette période mais surtout, ces commentaires, ces insultes..
L’adolescence n’est pas mieux. La fille la plus populaire du lycée n’est jamais ronde. Les ados vont draguer les filles les plus minces, les mieux foutues. Les rondes sont toujours de bonnes copines mais pas plus. Et cela est très dur à vivre pour une jeune adolescente.
Et dans notre vie d’adulte, notre poids nous isole souvent. Certains n’osent plus sortir de chez soi pour ne pas subir des remarques ou insultes. Par peur d’être jugées, les personnes en surpoids n’osent pas aller à la piscine, à la plage, dans une salle de sport, ce qui accentue leur sédentarité et leur solitude.
Les conséquences peuvent également se traduire par un néant professionnel. Pour beaucoup de recruteurs, le physique est important. Même si le poste est un travail de bureau sans public. Pour certains, voire une grande majorité des recruteurs, une personne mince est forcément plus compétente qu’une personne forte.
Et la situation amoureuse, on en parle ? Alors oui certains hommes aiment les rondeurs, oui certains hommes ou femmes ne sont pas dérangés par des kilos en trop mais on ne va pas se voiler la face, ce n’est pas le cas pour la grande majorité d’entre eux.
Une fois, je me suis fait draguer dans un bar. Après des heures à discuter, il me dit qu’il aime mes rondeurs. Je lui réponds « oh j’ai de la chance, ce n’est pas le cas de tous les hommes ». Il me dit je ne cherche pas une rencontre amoureuse mais un plan cul et je dois avouer que c’est plus facile avec une femme ronde………….Je vous laisse imaginer ma réaction…Il a pris mon verre sur la figure.
Donc si nous sommes rondes cela veut dire que nous acceptons tout et n’importe quoi parce que les prétendants ne se battent pas pour nous ??? Grrrr !
Beaucoup de femmes pulpeuses et d’hommes ronds ne croient plus en l’amour. Ils manquent de confiance en eux, craignent de se mettre nus devant leur partenaire, sont complexés et préfèrent donc rester seuls.
La grossophobie en chiffres
Le 04 mars a lieu la journée mondiale de l’obésité. Chaque année, à l’occasion de cette journée, de nombreux chiffres tombent et plusieurs études sont réalisées.
Si on doit donc mettre des chiffres sur l’obésité, il faut savoir qu’en France 8 millions de personnes souffrent d’obésité. Mais ce qui m’intéresse, ce sont les chiffres sur la grossophobie.
Selon un dernier sondage, 47 % des femmes (soit presque une femme sur deux) souffrent au quotidien de discriminations liées à leur poids. Les personnes obèses sont celles qui sont le plus confrontées à la grossophobie.
Ce sondage met d’autres points en évidence : 50 % de ces discriminations ont lieu dans la sphère publique, 45 % dans le domaine scolaire ou professionnel. Le domaine médical et familial ne sont bien sûr pas épargnés.
En 2016, le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail ont publié une enquête sur la perception des discriminations à l’embauche. Je vous laisse le lire ici. Ne pas embaucher une personne à cause de son poids est pourtant une discrimination aux yeux de la loi française…
Mon mot de la fin
Si vous saviez comme j’en ai marre que l’on juge une personne pour son poids et surtout, qu’on la juge mal. Les grossophobes ne se rendent pas compte du mal qu’ils font. Ce type de discrimination n’est pas sans conséquences.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes et les constats sont alarmants. Déscolarisation des enfants et des ados en surpoids, détérioration de l’image de soi chez l’adulte mais également troubles du comportement alimentaire, suivi médical absent, désocialisation, les maux liés à la grossophobie sont très importants.
Lors du premier confinement, vous avez très certainement vu toutes ces personnes qui se sont tout d’un coup intéressées au sport par peur…..de prendre quelques kilos. On en est là…la peur de prendre du poids. Pour soi ou pour le regard des autres ?
J’ai ma petite idée. J’ai pratiqué également du sport pendant le confinement et je vous explique pourquoi ici mais certainement pas dans un esprit de perte de poids pour rentrer dans les normes.
Mon mot final sera : STOP A LA GROSSOPHOBIE !
Important : Marie est un personnage fictif et toute ressemblance avec un personnage réel ne saurait être que fortuite. Plus d’information ici.
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